Axe 1.
Approches communicationnelles de la norme dans les organisations
François
Cooren / Olivier Chantraine / Patrice de la Broise
En cette ère de
mondialisation/globalisation effrénée des échanges économiques, sociaux et
culturels, les organisations vivent de profondes transformations, souvent
associées à des processus de déterritorialisation et de dématérialisation. Les
organisations – en particulier les multinationales – se déterritorialisent en
ce qu’elles saisissent de plus en plus d’espaces et de forces de travail,
créant une reterritorialisation / recontextualisation souvent épisodique de
laquelle se produiront d’autres acquisitions de territoires et d’activités. Ces
mouvements, généralement démultipliés sous l’effet conjoint des modèles gestionnaires
et des technologies de l’information et de la communication, participent
également d’une relative dématérialisation, virtualisant les supports matériels
d’informations et d’échanges.
De telles transformations ne
sont évidemment pas sans redéfinir les normes (techniques et pratiques) qui dictent les
activités organisationnelles, créant les conditions d’une renégociation, voire
d’une imposition de nouvelles pratiques de travail, bousculant les habitudes et
redéfinissant les règles et traditions qu’on croyait jusqu’alors établies.
Les ateliers organisés dans
le cadre de l’axe « Approches communicationnelles de la norme dans les
organisations » seront l’occasion d’interroger ces questions normatives et
axiologiques à partir d’une perspective communicationnelle. Il s’agira donc
avant tout d’analyser les différentes manières dont sont négociées les normes
et règles d’activités en analysant des pratiques organisationnelles, que ce
soit dans les détails des interactions, ou selon des perspectives plus historiques
et longitudinales. Pour ce faire, trois axes complémentaires et non exclusifs
sont proposés :
1/ Normes et TIC : Quels effets produisent les technologies
de l’information et de la communication sur les règles, habitudes et normes de
travail ? Comment se négocient ces effets dans les pratiques
quotidiennes ? Quels types de résistance engendrent-elles ?
2/ Normes et
mondialisation/globalisation
: Comment se négocient ou s’imposent les normes qui dictent les pratiques de
travail à l’heure de la mondialisation des activités organisationnelles. Quels
sont les problèmes spécifiques que posent ces processus de globalisation,
repérables dans le quotidien des
employés et gestionnaires, comme dans les politiques et règlements chargés d’en
définir les contours.
3/ Normes et diversité
culturelle : À l’heure
où de plus en plus de personnes issues de cultures et de traditions différentes
travaillent ensemble, que sont ces
situations multiculturelles, interculturelles et transculturelles dont
nous parlons ? Quels en sont les enjeux et les limites ? Peut-on
penser une autre voie que celle de l’uniformisation ?
Axe 2.
Mondes visuels : quelles contributions des sciences de l'information et de la
communication aux Visual Studies ?
Sophie
Chauvin / Sylvie Leleu-Merviel / Luc Pauwels
Les Visual
Studies ont
émergé dans le monde anglo-saxon et y font l’objet de recherches depuis
plusieurs années. Fortement pluridisciplinaires, elles se sont ancrées d’abord
sur l’art et l’histoire de l’art, y adjoignant ensuite la philosophie,
l’anthropologie de l’image, l’esthétique, la physio-psychologie de la
réception, l’économie et les marchés de l’art, et plus récemment
l’informatique, la sociologie ou les sciences cognitives. La liste n’est pas
close, car le paradigme est celui d’une convergence par l’objet. Toute
discipline dont certains membres travaillent des questions en rapport avec le
visuel est donc potentiellement concernée.
Parmi elles, les
sciences de l’information et de la communication (SIC) constituent un ancrage privilégié.
En effet, dès leur naissance en 1972, les SIC ont mobilisé la sémiotique pour
analyser les images. Mais aujourd’hui, tenant ensemble les trois dimensions de
l’objet visuel - sa forme, son sens, et sa circulation sociale -, elles
permettent, au sein même d’une discipline unique, d’appréhender le visuel via
des postures théoriques et des méthodologies très variées. De l’analyse
sémiotique pure à la méthode expérimentale en passant par des méthodes
cliniques ou des approches sémio-pragmatiques, la diversité des regards que les
SIC portent sur le visuel conduit à saisir des mondes visuels, et à
élaborer des théories scientifiques complémentaires.
Cet axe 2 a pour
vocation de répertorier et de confronter les tendances ayant cours en SIC pour
approcher le visuel. Partant d’un état de l’art, d’une revue de question, d’un
catalogue des différents travaux antérieurs ou en cours, la question qui
traverse l’ensemble de cet axe est la suivante : quels apports spécifiques
des sciences de l’information et de la communication au visuel ? Quel
regard propre, quelles connaissances nouvelles, accessibles à aucune des autres
disciplines ?
Axe 3.
Nouveaux médias, nouveaux espaces publics
Bernard
Miège / Hartmut Mokros / Aurélia Lamy
L’évolution des médias, la
mondialisation des informations, les processus d’adaptation et d’innovation
médiatiques, ont considérablement modifié notre perception de l’espace public.
En effet, les « nouveaux » médias et plus particulièrement les médias
électroniques conditionnent la production, le renouvellement des idées et des
pratiques dans des domaines aussi variés que le journalisme, la politique,
l’économie, la culture… De la « blogosphère » à la sphère publique,
les usagers des médias (qu’ils soient individuels ou instutionnels) sont
aujourd’hui à même de produire et de diffuser de l’information en ligne, ils
ont en cela un rôle de médiateur au même titre que les « médias
traditionnels ». Comment redéfinir alors la notion de médiation ? En
quoi ces nouvelles formes de médiation concurrencent-elles les médias
traditionnels ? Comment contribuent-elles ou non à l’émergence de nouveaux
espaces publics ?
Les ateliers de l’axe
« Nouveaux médias, nouveaux espaces publics ? » visent à mener
une réflexion aboutie sur le rapport entre de nouvelles formes de médiation et
plus largement de communication et sur la création, le développement,
l’émergence de « nouveaux espaces publics » à travers des réflexions
épistémologiques et des études de terrain empiriques. Pour ce faire nous vous
proposons 4 axes complémentaires et non exclusifs :
1/ Nouveaux médias et
anciens médias : oppositions, différences et relations. Quelles sont maintenant les
caractéristiques fondamentales de ce qu’on qualifie de médias ? Le terme
« nouveaux » sera par ailleurs lui-même à questionner : les
médias émergents et les espaces publics sont-ils vraiment nouveaux ?
Qu’est ce qui fait leur originalité ? Quelles sont les constantes ?
2/ Les spécificités
avérées des nouveaux médias du point de vue des relations entre « producteurs »
et « consommateurs ». Nous
aborderons ici la question des usages, des (nouvelles) pratiques
informationnelles et communicationnelles en prenant soin de montrer les apports
de la recherche à ce sujet.
3/ Nouveaux médias,
nouveaux espaces publics : quelles frontières ? A l’heure de la mondialisation, comment les
nouveaux médias et l’émergence d’espaces publics pluriels sont-ils susceptibles
de redéfinir les frontières politiques, géographiques, culturelles,
professionnelles...
4/ Espaces publics (au pluriel)
ou espace public (au singulier).
Ces « nouveaux » espaces publics nécessitent-ils des normes
technologiques et communicationnelles partagées ? En quoi permettent-ils
de faire émerger un espace (public) argumentatif de débats, (fournissant des
lieux de délibération permettant de nouvelles formes d’actions
politiques) ou différemment un espace (public ?) de sociabilités
(nouvelles)? Comment ces nouveaux espaces se positionnent-ils contre – ou
« tout contre » – le domaine médiatique traditionnel ?
Axe 4.
Communication entre cultures: une autre mondialisation ?
Béatrice Vacher / Brigitte Chapelain / Chen Ling
L’ouverture des frontières,
le développement du tourisme, les mass médias et les technologies du numérique
réticulaires et nomades inaugurent a priori une nouvelle étape de la
mondialisation de la communication.
La circulation des produits de l’activité et de la création culturelle,
ainsi que ceux des industries culturelles, montre que la culture est plus que
jamais liée à la communication. L’illusion de la proximité qu’entretiennent les
technologies fait parfois penser que la connaissance et la compréhension des
autres cultures sont plus accessibles. En mondialisant la culture, la
communication médiatisée semble contribuer simultanément à en démocratiser
l’accès et en uniformiser certaines formes d’expression. L’intrusion de
normes techniques et génériques, ainsi que celle de représentations et de
valeurs qui se glissent dans l’intimité des cultures accentue ce phénomène.
Pourtant si les médias de masse et Internet véhiculent une certaine
standardisation et une homogénéisation, des pratiques culturelles résistent et
des alternatives artistiques et créatives émergent. Quelles dynamiques
créatives, sociales et politiques se constituent dans de nouvelles pratiques et
des médiations renouvelées, et en quoi innovent-elles ou refondent-elles
l’interculturel ? Comment caractériser les transcultures émergeantes nourries du libre, de l’échange
et de la contribution?
La connaissance de l’autre
passe par la langue. Les technologies de l’intelligence peuvent - elles
développer et encourager cet esprit de traduction et de plurilinguisme qui
reste le fondement de la communication interculturelle ? Les approches et
les travaux des chercheurs en sciences de l’information et de la communication
menés depuis de nombreuses années sur ces questions de multiculturalisme, d’interculturalisme et de transculturalisme vont permettre de rappeler la permanence de
certaines problématiques et mieux préciser les nouveaux questionnements.
Les ateliers de
l’axe « Communication entre cultures : une autre
mondialisation » en
s’appuyant sur des réflexions théoriques, des études, des observations et des
enquêtes de terrain, ou des
analyses de corpus, ont pour objectif de mieux connaître et d’analyser les
formes, les modalités et les pratiques actuelles de la communication entre des
cultures diversifiées, et d’enrichir
par des éclairages différents la question de la troisième mondialisation.
Quatre axes sont ainsi proposés :
1/Apport spécifique des
SIC à l’analyse de la communication entre cultures. Il s’agit dans cet axe de rappeler
l’originalité de la réflexion et l’intérêt des méthodologies apportés par les
SIC dans les grands enjeux récents et actuels de la communication interculturelle.
2/ Identités culturelles
et linguistiques dans l’espace communicationnel mondial. La cohabitation culturelle et
l’apprentissage de la diversité sont-ils affectés par les différences
linguistiques ? Les représentations sociales, culturelles, religieuses et
politiques portées par les langues perdent-elles leurs spécificités, ou
résistent-elles aux contraintes normatives des outils et dispositifs de
communication ?
3/ Mondialisation et
normalisation culturelle (contenus, standards, genres, formats….).Cet
axe porte sur l’influence normatives des medias, des technologies et des
produits de l’industrie culturelle sur les pratiques créatives et culturelles mondiales. Quelles formes
et stratégies de coopération, harmonisations, régulations, mais aussi de
résistance, de détournement, de bricolages et de braconnages se développent
dans les communautés culturelles en réponse à de nouveaux phénomènes
d’homogénéisation? Quelles valeurs, quelles esthétiques et quelles
représentations s’expriment dans les réponses à la mondialisation
culturelle ?
4/ Médiations culturelles
et interculturalité. L’évolution des médiations dans
le domaine de l’interculturel passe par des espaces, des acteurs, des
dispositifs, des institutions et des politiques. Les différentes aires
nationales, culturelles ou linguistiques accordent à la médiation
interculturelle une importance et un rôle multiples. Quelles formes
d’organisation et de communication
développent ces différents choix de médiation interculturelle ? Enfin les
nouvelles médiations numériques d’accès à l’art et à la culture
améliorent-elles la connaissance des altérités dont le transculturalisme fait partie, et permettent-elles d’imaginer
de nouveaux modes de relation avec les publics ?