L'information et la communication dans les enjeux contemporains de la "mondialisation"
7-9 mars 2012 59052 Roubaix (France)

Présentation détaillée des axes


Axe 1. Approches communicationnelles de la norme dans les organisations 

François Cooren / Olivier Chantraine / Patrice de la Broise

 

En cette ère de mondialisation/globalisation effrénée des échanges économiques, sociaux et culturels, les organisations vivent de profondes transformations, souvent associées à des processus de déterritorialisation et de dématérialisation. Les organisations – en particulier les multinationales – se déterritorialisent en ce qu’elles saisissent de plus en plus d’espaces et de forces de travail, créant une reterritorialisation / recontextualisation souvent épisodique de laquelle se produiront d’autres acquisitions de territoires et d’activités. Ces mouvements, généralement démultipliés sous l’effet conjoint des modèles gestionnaires et des technologies de l’information et de la communication, participent également d’une relative dématérialisation, virtualisant les supports matériels d’informations et d’échanges.

De telles transformations ne sont évidemment pas sans redéfinir les normes (techniques et pratiques) qui dictent les activités organisationnelles, créant les conditions d’une renégociation, voire d’une imposition de nouvelles pratiques de travail, bousculant les habitudes et redéfinissant les règles et traditions qu’on croyait jusqu’alors établies.

 

Les ateliers organisés dans le cadre de l’axe « Approches communicationnelles de la norme dans les organisations » seront l’occasion d’interroger ces questions normatives et axiologiques à partir d’une perspective communicationnelle. Il s’agira donc avant tout d’analyser les différentes manières dont sont négociées les normes et règles d’activités en analysant des pratiques organisationnelles, que ce soit dans les détails des interactions, ou selon des perspectives plus historiques et longitudinales. Pour ce faire, trois axes complémentaires et non exclusifs sont proposés :

 

1/ Normes et TIC : Quels effets produisent les technologies de l’information et de la communication sur les règles, habitudes et normes de travail ? Comment se négocient ces effets dans les pratiques quotidiennes ? Quels types de résistance engendrent-elles ?

2/ Normes et mondialisation/globalisation : Comment se négocient ou s’imposent les normes qui dictent les pratiques de travail à l’heure de la mondialisation des activités organisationnelles. Quels sont les problèmes spécifiques que posent ces processus de globalisation, repérables  dans le quotidien des employés et gestionnaires, comme dans les politiques et règlements chargés d’en définir les contours.

3/ Normes et diversité culturelle : À l’heure où de plus en plus de personnes issues de cultures et de traditions différentes travaillent ensemble, que sont  ces situations multiculturelles, interculturelles et transculturelles dont nous parlons ? Quels en sont les enjeux et les limites ? Peut-on penser une autre voie que celle de l’uniformisation ?

 

 

Axe 2. Mondes visuels : quelles contributions des sciences de l'information et de la communication aux Visual Studies ?

Sophie Chauvin / Sylvie Leleu-Merviel / Luc Pauwels

 

Les Visual Studies ont émergé dans le monde anglo-saxon et y font l’objet de recherches depuis plusieurs années. Fortement pluridisciplinaires, elles se sont ancrées d’abord sur l’art et l’histoire de l’art, y adjoignant ensuite la philosophie, l’anthropologie de l’image, l’esthétique, la physio-psychologie de la réception, l’économie et les marchés de l’art, et plus récemment l’informatique, la sociologie ou les sciences cognitives. La liste n’est pas close, car le paradigme est celui d’une convergence par l’objet. Toute discipline dont certains membres travaillent des questions en rapport avec le visuel est donc potentiellement concernée.

Parmi elles, les sciences de l’information et de la communication (SIC) constituent un ancrage privilégié. En effet, dès leur naissance en 1972, les SIC ont mobilisé la sémiotique pour analyser les images. Mais aujourd’hui, tenant ensemble les trois dimensions de l’objet visuel - sa forme, son sens, et sa circulation sociale -, elles permettent, au sein même d’une discipline unique, d’appréhender le visuel via des postures théoriques et des méthodologies très variées. De l’analyse sémiotique pure à la méthode expérimentale en passant par des méthodes cliniques ou des approches sémio-pragmatiques, la diversité des regards que les SIC portent sur le visuel conduit à saisir des mondes visuels, et à élaborer des théories scientifiques complémentaires.

Cet axe 2 a pour vocation de répertorier et de confronter les tendances ayant cours en SIC pour approcher le visuel. Partant d’un état de l’art, d’une revue de question, d’un catalogue des différents travaux antérieurs ou en cours, la question qui traverse l’ensemble de cet axe est la suivante : quels apports spécifiques des sciences de l’information et de la communication au visuel ? Quel regard propre, quelles connaissances nouvelles, accessibles à aucune des autres disciplines  ?

 

 

Axe 3. Nouveaux médias, nouveaux espaces publics

Bernard Miège / Hartmut Mokros / Aurélia Lamy 

 

L’évolution des médias, la mondialisation des informations, les processus d’adaptation et d’innovation médiatiques, ont considérablement modifié notre perception de l’espace public. En effet, les « nouveaux » médias et plus particulièrement les médias électroniques conditionnent la production, le renouvellement des idées et des pratiques dans des domaines aussi variés que le journalisme, la politique, l’économie, la culture… De la « blogosphère » à la sphère publique, les usagers des médias (qu’ils soient individuels ou instutionnels) sont aujourd’hui à même de produire et de diffuser de l’information en ligne, ils ont en cela un rôle de médiateur au même titre que les « médias traditionnels ». Comment redéfinir alors la notion de médiation ? En quoi ces nouvelles formes de médiation concurrencent-elles les médias traditionnels ? Comment contribuent-elles ou non à l’émergence de nouveaux espaces publics ?

 

Les ateliers de l’axe « Nouveaux médias, nouveaux espaces publics ? » visent à mener une réflexion aboutie sur le rapport entre de nouvelles formes de médiation et plus largement de communication et sur la création, le développement, l’émergence de « nouveaux espaces publics » à travers des réflexions épistémologiques et des études de terrain empiriques. Pour ce faire nous vous proposons 4 axes complémentaires et non exclusifs :

 

1/ Nouveaux médias et anciens médias : oppositions, différences et relations. Quelles sont maintenant les caractéristiques fondamentales de ce qu’on qualifie de médias ? Le terme « nouveaux » sera par ailleurs lui-même à questionner : les médias émergents et les espaces publics sont-ils vraiment nouveaux ? Qu’est ce qui fait leur originalité ? Quelles sont les constantes ?

2/ Les spécificités avérées des nouveaux médias du point de vue des relations entre « producteurs » et « consommateurs ». Nous aborderons ici la question des usages, des (nouvelles) pratiques informationnelles et communicationnelles en prenant soin de montrer les apports de la recherche à ce sujet.

 

3/ Nouveaux médias, nouveaux espaces publics : quelles frontières ? A l’heure de la mondialisation, comment les nouveaux médias et l’émergence d’espaces publics pluriels sont-ils susceptibles de redéfinir les frontières politiques, géographiques, culturelles, professionnelles...

4/ Espaces publics (au pluriel) ou espace public (au singulier). Ces « nouveaux » espaces publics nécessitent-ils des normes technologiques et communicationnelles partagées ? En quoi permettent-ils de faire émerger un espace (public) argumentatif de débats, (fournissant des lieux de délibération permettant de nouvelles formes d’actions politiques)  ou différemment un espace (public ?) de sociabilités (nouvelles)? Comment ces nouveaux espaces se positionnent-ils contre – ou « tout contre » – le domaine médiatique traditionnel ?

 

 

 

Axe 4. Communication entre cultures: une autre mondialisation ?

Béatrice Vacher / Brigitte Chapelain / Chen Ling

 

L’ouverture des frontières, le développement du tourisme, les mass médias et les technologies du numérique réticulaires et nomades inaugurent a priori une nouvelle étape de la mondialisation de la communication.   La circulation des produits de l’activité et de la création culturelle, ainsi que ceux des industries culturelles, montre que la culture est plus que jamais liée à la communication. L’illusion de la proximité qu’entretiennent les technologies fait parfois penser que la connaissance et la compréhension des autres cultures sont plus accessibles. En mondialisant la culture, la communication médiatisée semble contribuer simultanément à en démocratiser l’accès et en uniformiser certaines formes d’expression. L’intrusion de normes techniques et génériques, ainsi que celle de représentations et de valeurs qui se glissent dans l’intimité des cultures accentue ce phénomène. Pourtant si les médias de masse et Internet véhiculent une certaine standardisation et une homogénéisation, des pratiques culturelles résistent et des alternatives artistiques et créatives émergent. Quelles dynamiques créatives, sociales et politiques se constituent dans de nouvelles pratiques et des médiations renouvelées, et en quoi innovent-elles ou refondent-elles l’interculturel ? Comment caractériser les transcultures émergeantes nourries du libre, de l’échange et de la  contribution?

La connaissance de l’autre passe par la langue. Les technologies de l’intelligence peuvent - elles développer et encourager cet esprit de traduction et de plurilinguisme qui reste le fondement de la communication interculturelle ? Les approches et les travaux des chercheurs en sciences de l’information et de la communication menés depuis de nombreuses années sur ces questions de multiculturalisme, d’interculturalisme et de transculturalisme vont permettre de rappeler la permanence de certaines problématiques et mieux préciser les nouveaux questionnements.

Les ateliers de l’axe « Communication entre cultures : une autre mondialisation »  en s’appuyant sur des réflexions théoriques, des études, des observations et des enquêtes de terrain,  ou des analyses de corpus, ont pour objectif de mieux connaître et d’analyser les formes, les modalités et les pratiques actuelles de la communication entre des cultures diversifiées, et d’enrichir  par des éclairages différents la question de la troisième mondialisation.

Quatre  axes sont ainsi proposés :

1/Apport spécifique des SIC à l’analyse de la communication entre cultures. Il s’agit dans cet axe de rappeler l’originalité de la réflexion et l’intérêt des méthodologies apportés par les SIC dans les grands enjeux récents et actuels de la communication interculturelle.

2/ Identités culturelles et linguistiques dans l’espace communicationnel mondial. La cohabitation culturelle et l’apprentissage de la diversité sont-ils affectés par les différences linguistiques ? Les représentations sociales, culturelles, religieuses et politiques portées par les langues perdent-elles leurs spécificités, ou résistent-elles aux contraintes normatives des outils et dispositifs de communication ?

3/ Mondialisation et normalisation culturelle (contenus, standards, genres, formats….).Cet  axe porte sur l’influence normatives des medias, des technologies et des produits de l’industrie culturelle sur les pratiques créatives et  culturelles mondiales. Quelles formes et stratégies de coopération, harmonisations, régulations, mais aussi de résistance, de détournement, de bricolages et de braconnages se développent dans les communautés culturelles en réponse à de nouveaux phénomènes d’homogénéisation? Quelles valeurs, quelles esthétiques et quelles représentations s’expriment dans les réponses à la mondialisation culturelle ?

4/ Médiations culturelles et interculturalité. L’évolution  des médiations dans le domaine de l’interculturel passe par des espaces, des acteurs, des dispositifs, des institutions et des politiques. Les différentes aires nationales, culturelles ou linguistiques accordent à la médiation interculturelle une importance et un rôle multiples. Quelles formes d’organisation et  de communication développent ces différents choix de médiation interculturelle ? Enfin les nouvelles médiations numériques d’accès à l’art et à la culture améliorent-elles la connaissance des altérités dont le transculturalisme fait partie, et permettent-elles d’imaginer de nouveaux modes de relation avec les publics ?


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